Tom Moody : Différence entre versions

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== Une esthétique du décalage ==
 
== Une esthétique du décalage ==
  
L'art du décalage consiste en la mise en forme des contradictions dans le but de les interroger<ref>Marc AUGÉ, « L'art du décalage », ''Multitudes'', vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147.</ref>. Il y a quelque chose de contradictoire dans l'esthétique informatique qui se situe entre ce que l'on attend des outils informatiques et ce qu'ils font, et que Moody exploite en faisant des éléments fondamentaux du système perceptif des environnements informatiques des éléments essentiellement expressif.  
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L'art du décalage consiste en la mise en forme des contradictions dans le but de les interroger<ref>Marc AUGÉ, « L'art du décalage », ''Multitudes'', vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147.</ref>. Ce qu'il y a de contradictoire dans l'esthétique informatique se situe entre ce que l'on attend des outils informatiques et ce qu'ils font. Moody exploite ce paradoxe en faisant des éléments fondamentaux du système perceptif des environnements informatiques des éléments essentiellement expressif.
  
 
Du point de vue technique, l'art de Moody exploite, en effet, les extrêmes limites, voire les paradoxes, des formes d'expression du numériques. L'environnement informatique audiovisuel et minimal de la fin des années 1990 (Microsoft Paintbrush et Paint, Windows 95 et 98, Sound Blaster, etc.) est réutilisé par l'artiste de manière à subvertir la logique corporative de l'ordinateur. En exagérant ce que l'on s'attend à ce que l'ordinateur produise sur le plan esthétique, il révèle Moody révèle un monde qui est à la fois technologiquement dépassé et qui nous dépasse. L'appropriation de dispositifs obsolètes est ainsi l'occasion d'une critique de la désuétude des différents stades esthétiques de l'ordinateur. En d'autres termes, son appropriation de l'informatique est une esthétique du décalage.
 
Du point de vue technique, l'art de Moody exploite, en effet, les extrêmes limites, voire les paradoxes, des formes d'expression du numériques. L'environnement informatique audiovisuel et minimal de la fin des années 1990 (Microsoft Paintbrush et Paint, Windows 95 et 98, Sound Blaster, etc.) est réutilisé par l'artiste de manière à subvertir la logique corporative de l'ordinateur. En exagérant ce que l'on s'attend à ce que l'ordinateur produise sur le plan esthétique, il révèle Moody révèle un monde qui est à la fois technologiquement dépassé et qui nous dépasse. L'appropriation de dispositifs obsolètes est ainsi l'occasion d'une critique de la désuétude des différents stades esthétiques de l'ordinateur. En d'autres termes, son appropriation de l'informatique est une esthétique du décalage.

Version du 26 mai 2021 à 09:49

Tom Moody est un musicien, plasticien, et critique d'art américain. Sa démarche peut être décrite comme le détournement des moyens d'expression numériques afin d'en subvertir ou d'en sublimer les contradictions.

Biographie

Né à Austin au Texas, Moody étudie la littérature et les arts à Charlottesville, puis à Washington, avant de déménager à New York, où il travaille actuellement.

Parcours de l’œuvre

La banalité et l'obsolescence technique sont deux leitmotivs du travail de Moody. Tantôt en embrassant les limites des outils qu'il utilise tantôt en développant son art à l'intérieur du monde corporatif qu'il infiltre, il crée un ensemble d'œuvres dont on peut dire qu'elles explorent les ramifications esthétiques et sociales de l'informatique de la postmodernité. Sa musique explore l'esthétique sonore de l'ordinateur de manière rétroactive, ainsi que les singularités esthétiques des télécommunications et des technologies informatiques et les fantasmes sociaux qui y sont attachés (Generic PC, 2017 ; Hypercylinder, 2019). En arts visuels, il s'intéresse aux effets d'optique, à la dialectique entre économie de moyens et esthétique maximaliste, ainsi qu'aux changements apportés par les nouvelles techniques dans la production picturale (Kevin, Les, Steve, Kerry, huile sur toile, 1979-80 ; Advil Box, 1994, acrylique sur boîte de présentation promotionnelle).

Une esthétique du décalage

L'art du décalage consiste en la mise en forme des contradictions dans le but de les interroger[1]. Ce qu'il y a de contradictoire dans l'esthétique informatique se situe entre ce que l'on attend des outils informatiques et ce qu'ils font. Moody exploite ce paradoxe en faisant des éléments fondamentaux du système perceptif des environnements informatiques des éléments essentiellement expressif.

Du point de vue technique, l'art de Moody exploite, en effet, les extrêmes limites, voire les paradoxes, des formes d'expression du numériques. L'environnement informatique audiovisuel et minimal de la fin des années 1990 (Microsoft Paintbrush et Paint, Windows 95 et 98, Sound Blaster, etc.) est réutilisé par l'artiste de manière à subvertir la logique corporative de l'ordinateur. En exagérant ce que l'on s'attend à ce que l'ordinateur produise sur le plan esthétique, il révèle Moody révèle un monde qui est à la fois technologiquement dépassé et qui nous dépasse. L'appropriation de dispositifs obsolètes est ainsi l'occasion d'une critique de la désuétude des différents stades esthétiques de l'ordinateur. En d'autres termes, son appropriation de l'informatique est une esthétique du décalage.


Références

  1. Marc AUGÉ, « L'art du décalage », Multitudes, vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147.

Bibliographie

AUGÉ, Marc, « L'art du décalage », Multitudes, vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147.