Tom Moody : Différence entre versions
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− | Tom Moody est un musicien, plasticien, et critique d'art américain. Sa démarche | + | Tom Moody est un musicien, plasticien, et critique d'art américain. Sa démarche se caractérise par le détournement des moyens d'expression numériques afin d'en subvertir ou d'en sublimer les contradictions. |
− | == Biographie == | + | == Biographie. == |
− | Né à Austin au Texas, | + | Né à Austin au Texas, Moody étudie la littérature et les arts à Charlottesville, puis à Washington, avant de déménager à New York, où il travaille actuellement. |
− | == Parcours de l’œuvre == | + | == Parcours de l’œuvre. == |
− | La banalité et l'obsolescence technique sont deux leitmotivs de | + | La banalité et l'obsolescence technique sont deux importants leitmotivs du travail de Moody. Tantôt en embrassant les limites des outils qu'il utilise tantôt en développant son art à l'intérieur du monde corporatif qu'il infiltre, il crée un ensemble d'œuvres dont on peut dire qu'elles explorent les ramifications esthétiques et sociales de l'informatique de la postmodernité. Sa musique explore l'esthétique sonore de l'ordinateur de manière rétroactive, ainsi que les singularités esthétiques des télécommunications et des technologies informatiques et les fantasmes sociaux qui y sont attachés (''Generic PC'', 2017 ; ''Hypercylinder'', 2019). En arts visuels, il s'intéresse aux effets d'optique, à la dialectique entre économie de moyens et esthétique ''maximaliste'', ainsi qu'aux changements apportés par les nouvelles techniques dans la production picturale (''Kevin, Les, Steve, Kerry'', huile sur toile, 1979-80 ; ''Advil Box'', 1994, acrylique sur boîte de présentation promotionnelle). |
− | + | == Une esthétique du décalage. == | |
− | + | Du point de vue technique, l'art de Moody exploite les extrêmes limites, voire les paradoxes, des formes d'expression du numériques. L'environnement informatique audiovisuel et minimal de la fin des années 1990 (Microsoft Paintbrush et Paint, Windows 95 et 98, Sound Blaster, etc.) est réutilisé par l'artiste de manière à subvertir la logique corporative de l'ordinateur. | |
− | + | Ce qu'il y a de contradictoire dans l'esthétique informatique se situe entre ce que l'on attend des outils informatiques et ce qu'ils font. Moody exploite ce paradoxe en faisant des éléments fondamentaux du système perceptif des environnements informatiques des éléments expressifs renvoyant directement à l'histoire de l'art. En exagérant ce que l'on s'attend ou non à ce que l'ordinateur produise sur le plan esthétique, Moody révèle un monde dont les conditions de possibilité esthétique ne cessent d'être transformées par la machine. | |
− | + | L'appropriation de dispositifs obsolètes est ainsi l'occasion d'une critique de la désuétude des différents stades esthétiques de l'ordinateur, d'une relecture de l'horizon d'attente qui en encadre l'expérience. En d'autres termes, son appropriation de l'informatique est un art du décalage, qui consiste en la mise en forme des contradictions du langage esthétique de la cybersphère dans le but de les interroger<ref>Marc AUGÉ, « L'art du décalage », ''Multitudes'', vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147.</ref>. | |
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+ | == Références. == | ||
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+ | == Bibliographie. == | ||
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+ | * AUGÉ, Marc, « L'art du décalage », ''Multitudes'', vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147. | ||
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Version actuelle datée du 10 janvier 2023 à 14:54
Tom Moody est un musicien, plasticien, et critique d'art américain. Sa démarche se caractérise par le détournement des moyens d'expression numériques afin d'en subvertir ou d'en sublimer les contradictions.
Biographie.
Né à Austin au Texas, Moody étudie la littérature et les arts à Charlottesville, puis à Washington, avant de déménager à New York, où il travaille actuellement.
Parcours de l’œuvre.
La banalité et l'obsolescence technique sont deux importants leitmotivs du travail de Moody. Tantôt en embrassant les limites des outils qu'il utilise tantôt en développant son art à l'intérieur du monde corporatif qu'il infiltre, il crée un ensemble d'œuvres dont on peut dire qu'elles explorent les ramifications esthétiques et sociales de l'informatique de la postmodernité. Sa musique explore l'esthétique sonore de l'ordinateur de manière rétroactive, ainsi que les singularités esthétiques des télécommunications et des technologies informatiques et les fantasmes sociaux qui y sont attachés (Generic PC, 2017 ; Hypercylinder, 2019). En arts visuels, il s'intéresse aux effets d'optique, à la dialectique entre économie de moyens et esthétique maximaliste, ainsi qu'aux changements apportés par les nouvelles techniques dans la production picturale (Kevin, Les, Steve, Kerry, huile sur toile, 1979-80 ; Advil Box, 1994, acrylique sur boîte de présentation promotionnelle).
Une esthétique du décalage.
Du point de vue technique, l'art de Moody exploite les extrêmes limites, voire les paradoxes, des formes d'expression du numériques. L'environnement informatique audiovisuel et minimal de la fin des années 1990 (Microsoft Paintbrush et Paint, Windows 95 et 98, Sound Blaster, etc.) est réutilisé par l'artiste de manière à subvertir la logique corporative de l'ordinateur.
Ce qu'il y a de contradictoire dans l'esthétique informatique se situe entre ce que l'on attend des outils informatiques et ce qu'ils font. Moody exploite ce paradoxe en faisant des éléments fondamentaux du système perceptif des environnements informatiques des éléments expressifs renvoyant directement à l'histoire de l'art. En exagérant ce que l'on s'attend ou non à ce que l'ordinateur produise sur le plan esthétique, Moody révèle un monde dont les conditions de possibilité esthétique ne cessent d'être transformées par la machine.
L'appropriation de dispositifs obsolètes est ainsi l'occasion d'une critique de la désuétude des différents stades esthétiques de l'ordinateur, d'une relecture de l'horizon d'attente qui en encadre l'expérience. En d'autres termes, son appropriation de l'informatique est un art du décalage, qui consiste en la mise en forme des contradictions du langage esthétique de la cybersphère dans le but de les interroger[1].
Références.
- ↑ Marc AUGÉ, « L'art du décalage », Multitudes, vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147.
Bibliographie.
- AUGÉ, Marc, « L'art du décalage », Multitudes, vol. 25, no 2, 2006, p. 139-147.