John Zorn : Différence entre versions

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John Zornest un compositeur et saxophoniste américain né à New York le 2 septembre 1953. Remarquable polystyliste, il repousse les frontières du domaine musicale de manière à déstabiliser l'écoute de son auditoire en appliquant les approches expérimentales (notamment celles des années 1950-1960) de la composition à un grand nombre de genres musicaux d'aujourd'hui, dont le jazz, le metal et le klezmer. De 1973 à 1974, il étudie le saxophone et la composition au Webster College de Saint-Louis, mais abandonne après trois semestres. De retour à Manhattan, il participe activement à la scène artistique underground. À la fin des années 1980, dans le Lower East Side, il s'impose comme chef de file d'une communauté qui se réclame de la « culture juive radicale » (Radical Jewish Culture), qui tente de faire renaître le klezmer en le modernisant. En 1995, il fonde Tzadik, sa propre maison de disques.  
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John Zorn est un compositeur et saxophoniste américain né à New York le 2 septembre 1953. Remarquable polystyliste, il repousse les frontières du domaine musicale de manière à déstabiliser l'écoute de son auditoire en appliquant les approches expérimentales (notamment celles des années 1950-1960) de la composition à un grand nombre de genres musicaux d'aujourd'hui, dont le jazz, le metal et le klezmer. De 1973 à 1974, il étudie le saxophone et la composition au Webster College de Saint-Louis, mais abandonne après trois semestres. De retour à Manhattan, il participe activement à la scène artistique underground. À la fin des années 1980, dans le Lower East Side, il s'impose comme chef de file d'une communauté qui se réclame de la « culture juive radicale » (Radical Jewish Culture), qui tente de faire renaître le klezmer en le modernisant. En 1995, il fonde Tzadik, sa propre maison de disques.  
  
 
L'ensemble de l'œuvre de Zorn se caractérise par une quête constante pour repousser les limites génériques de la musique, au mépris de la commercialisation de la musique par les majors. ''Étant Donnés: 69 Paroxyms for Marcel Duchamp'' (1997), qui se situe à la frontière entre musique et non musique, est l'une des œuvres les plus déroutantes du compositeur. Exemple d'exploration de métissage musical, ''The Book of Angels'' (le livre des anges), composé de 300 compositions, renvoie à la démonologie et à la mythologie judéo-chrétienne. Si le pluristylisme peut donner à penser que Zorn verse dans le postmodernisme radical, John Brackett soutient que, en deçà de l'éclatement des frontières musicales, il s'agit d'un langage musical cohérent<ref>John BRACKETT, ''John Zorn: Tradition and Transgression'', Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2008.</ref>. « Est-ce qu'une surface musicale disjointe et fragmentée signale-t-elle automatiquement un alignement avec une version du postmodernisme ? [...] Oui et non. Les points de vue interdépendants de Zorn sur l'unité, la continuité et l'histoire révèlent la relation ambiguë et peut-être ambivalente que le compositeur entretient avec l'étiquette descriptive ''postmoderne''<ref>''Ibid.'', p. xiii.</ref>. » Quoi qu'il en soit, Zorn parvient à renouveler plusieurs traditions musicales par une transgression méticuleusement soutenue de nombreux genres musicaux.
 
L'ensemble de l'œuvre de Zorn se caractérise par une quête constante pour repousser les limites génériques de la musique, au mépris de la commercialisation de la musique par les majors. ''Étant Donnés: 69 Paroxyms for Marcel Duchamp'' (1997), qui se situe à la frontière entre musique et non musique, est l'une des œuvres les plus déroutantes du compositeur. Exemple d'exploration de métissage musical, ''The Book of Angels'' (le livre des anges), composé de 300 compositions, renvoie à la démonologie et à la mythologie judéo-chrétienne. Si le pluristylisme peut donner à penser que Zorn verse dans le postmodernisme radical, John Brackett soutient que, en deçà de l'éclatement des frontières musicales, il s'agit d'un langage musical cohérent<ref>John BRACKETT, ''John Zorn: Tradition and Transgression'', Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2008.</ref>. « Est-ce qu'une surface musicale disjointe et fragmentée signale-t-elle automatiquement un alignement avec une version du postmodernisme ? [...] Oui et non. Les points de vue interdépendants de Zorn sur l'unité, la continuité et l'histoire révèlent la relation ambiguë et peut-être ambivalente que le compositeur entretient avec l'étiquette descriptive ''postmoderne''<ref>''Ibid.'', p. xiii.</ref>. » Quoi qu'il en soit, Zorn parvient à renouveler plusieurs traditions musicales par une transgression méticuleusement soutenue de nombreux genres musicaux.
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* BRACKETT, John, ''John Zorn: Tradition and Transgression'', Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2008.
 
* BRACKETT, John, ''John Zorn: Tradition and Transgression'', Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2008.
 
<div style='text-align: right;'>Pierre-Luc VERVILLE</div>
 

Version actuelle datée du 19 février 2023 à 11:47

John Zorn est un compositeur et saxophoniste américain né à New York le 2 septembre 1953. Remarquable polystyliste, il repousse les frontières du domaine musicale de manière à déstabiliser l'écoute de son auditoire en appliquant les approches expérimentales (notamment celles des années 1950-1960) de la composition à un grand nombre de genres musicaux d'aujourd'hui, dont le jazz, le metal et le klezmer. De 1973 à 1974, il étudie le saxophone et la composition au Webster College de Saint-Louis, mais abandonne après trois semestres. De retour à Manhattan, il participe activement à la scène artistique underground. À la fin des années 1980, dans le Lower East Side, il s'impose comme chef de file d'une communauté qui se réclame de la « culture juive radicale » (Radical Jewish Culture), qui tente de faire renaître le klezmer en le modernisant. En 1995, il fonde Tzadik, sa propre maison de disques.

L'ensemble de l'œuvre de Zorn se caractérise par une quête constante pour repousser les limites génériques de la musique, au mépris de la commercialisation de la musique par les majors. Étant Donnés: 69 Paroxyms for Marcel Duchamp (1997), qui se situe à la frontière entre musique et non musique, est l'une des œuvres les plus déroutantes du compositeur. Exemple d'exploration de métissage musical, The Book of Angels (le livre des anges), composé de 300 compositions, renvoie à la démonologie et à la mythologie judéo-chrétienne. Si le pluristylisme peut donner à penser que Zorn verse dans le postmodernisme radical, John Brackett soutient que, en deçà de l'éclatement des frontières musicales, il s'agit d'un langage musical cohérent[1]. « Est-ce qu'une surface musicale disjointe et fragmentée signale-t-elle automatiquement un alignement avec une version du postmodernisme ? [...] Oui et non. Les points de vue interdépendants de Zorn sur l'unité, la continuité et l'histoire révèlent la relation ambiguë et peut-être ambivalente que le compositeur entretient avec l'étiquette descriptive postmoderne[2]. » Quoi qu'il en soit, Zorn parvient à renouveler plusieurs traditions musicales par une transgression méticuleusement soutenue de nombreux genres musicaux.

Notes

  1. John BRACKETT, John Zorn: Tradition and Transgression, Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2008.
  2. Ibid., p. xiii.

Bibliographie

  • BRACKETT, John, John Zorn: Tradition and Transgression, Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2008.