Accord : Différence entre versions
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+ | Composition dans laquelle l'action d'accorder un instrument de musique est mise en musique. L'opération, qui consiste à établir des équivalences entre les fréquences des notes jouées sur un instrument et la fréquence fondamentale de la vibration, est ''allographiée''. À l'écoute de la version pour piano, nous entendons le tintement du bois. Des cordes métalliques sont frottées. On reconnaît le piano. Sifflement. Note grave soudaine. Claquement métallique. Les cordes du piano changent de ton. | ||
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+ | Le réglage de l'uniformité des vibrations d'une corde qui se fait au moyen d'un diapason transfigure une action involontairement artistique, accidentellement stylistique, en une « performance » volontairement esthétique. Le titre ''Accord'' est un jeu de mots (le jeu de mot participe à la conception de l'œuvre, c'est pourquoi nous le mentionnons), un double sens : d'une part, l'action d'accorder un instrument, d'autre part, l'association de sons simultanés et harmoniques, c'est-à-dire ayant des relations de fréquence codifiées esthétiquement. Dans la version originale pour piano, lorsque l'interprète règle l'intonation de l'instrument en manipulant les chevilles avec une clef d'accord, il a affaire avec de l'incertitude, de l'indétermination, car l'instrument est un objet matériel, et son intonation est variable. Contrairement à ce qui se passe lorsque les notes sont finies et stables, avec des hauteurs définies, le timbre de l'instrument est ici vague et brumeux, flou et fumeux, incertain et ombrageux, indécis et nuageux, voire néo-pointilliste, comme si l'instrument était son propre spectre, son apparition, son rêve, son double, son fantôme halluciné, comme une idée fixe, un fantasme constant, une ''revenance'', un simulacre. | ||
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+ | Libération du sens ou de la signification de l'œuvre d'art. Les sons bruts sont transfigurés en donnant un nouveau sens au processus d'accord de l'instrument. Pour ce faire, un changement de contexte doit avoir lieu afin que l'opération ne se déroule plus de manière anonyme, mais publiquement (en plaçant le piano désaccordé sur la scène d'une salle de concert devant un public). L'action d'accorder ainsi détournée renvoie à l'[[affect]] de l'ajustement des homogénéités, au sentiment de l'ajustement des égalités, à l'émotion, à l'amour du paramétrage des unités, des régularités, des ressemblances. L'œuvre invite à une nouvelle manière d'écouter les sons. | ||
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+ | 1° ''Appréciation''. Positive. Pas seulement du point de vue conceptuel, mais aussi sensible. 2° ''Valeur''. Critique. 3° ''Jugement contextuel''. J'aime utiliser le mot « spectral » en parlant de cette œuvre, pour renvoyer le public à l'utilisation de l'''entre-deux'' par Giacinto Scelsi, dont l'esthétique est basée, comme ici, sur l'exploration du son. | ||
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Version actuelle datée du 21 août 2023 à 08:23
Note de programme
Description
Composition dans laquelle l'action d'accorder un instrument de musique est mise en musique. L'opération, qui consiste à établir des équivalences entre les fréquences des notes jouées sur un instrument et la fréquence fondamentale de la vibration, est allographiée. À l'écoute de la version pour piano, nous entendons le tintement du bois. Des cordes métalliques sont frottées. On reconnaît le piano. Sifflement. Note grave soudaine. Claquement métallique. Les cordes du piano changent de ton.
Analyse
Le réglage de l'uniformité des vibrations d'une corde qui se fait au moyen d'un diapason transfigure une action involontairement artistique, accidentellement stylistique, en une « performance » volontairement esthétique. Le titre Accord est un jeu de mots (le jeu de mot participe à la conception de l'œuvre, c'est pourquoi nous le mentionnons), un double sens : d'une part, l'action d'accorder un instrument, d'autre part, l'association de sons simultanés et harmoniques, c'est-à-dire ayant des relations de fréquence codifiées esthétiquement. Dans la version originale pour piano, lorsque l'interprète règle l'intonation de l'instrument en manipulant les chevilles avec une clef d'accord, il a affaire avec de l'incertitude, de l'indétermination, car l'instrument est un objet matériel, et son intonation est variable. Contrairement à ce qui se passe lorsque les notes sont finies et stables, avec des hauteurs définies, le timbre de l'instrument est ici vague et brumeux, flou et fumeux, incertain et ombrageux, indécis et nuageux, voire néo-pointilliste, comme si l'instrument était son propre spectre, son apparition, son rêve, son double, son fantôme halluciné, comme une idée fixe, un fantasme constant, une revenance, un simulacre.
Interprétation
Libération du sens ou de la signification de l'œuvre d'art. Les sons bruts sont transfigurés en donnant un nouveau sens au processus d'accord de l'instrument. Pour ce faire, un changement de contexte doit avoir lieu afin que l'opération ne se déroule plus de manière anonyme, mais publiquement (en plaçant le piano désaccordé sur la scène d'une salle de concert devant un public). L'action d'accorder ainsi détournée renvoie à l'affect de l'ajustement des homogénéités, au sentiment de l'ajustement des égalités, à l'émotion, à l'amour du paramétrage des unités, des régularités, des ressemblances. L'œuvre invite à une nouvelle manière d'écouter les sons.
Jugement
1° Appréciation. Positive. Pas seulement du point de vue conceptuel, mais aussi sensible. 2° Valeur. Critique. 3° Jugement contextuel. J'aime utiliser le mot « spectral » en parlant de cette œuvre, pour renvoyer le public à l'utilisation de l'entre-deux par Giacinto Scelsi, dont l'esthétique est basée, comme ici, sur l'exploration du son.