Andy Warhol
Andy Warhol (1928-1987) est un artiste américain d’origine slovaque, figure de proue du pop art.
Biographie
Né à Pittsburgh en 1928, Warhol arrive à New York un peu avant les années 1960. Il travaille d’abord comme dessinateur publicitaire, puis réoriente son activité en faveur de la peinture. Suivant la tendance de nombreux peintres américains qui, en réaction à l’expressionnisme abstrait, opèrent un retour vers la figuration, Warhol peint des images du quotidien, d’abord empruntée à la bande-dessinée, comme le faisait aussi Roy Lichtenstein, puis celles des marques et des stars.
Ses peintures sont rapidement exposées à la prestigieuse galerie Leo Castelli qui lui donne accès aux plus hautes sphères du marché de l’art.
Warhol fonde la Factory, lieu de création où se rencontrent les personnalité les plus extravagantes et le cinéma expérimental, le rock psychédélique et les happenings les plus avant-gardistes du tout New York.
En 1968, il est victime d’une tentative d’assassinat.
Durant les années 1980, il collabore avec de jeunes artistes prometteurs dont Jean-Michel Basquiat et Keith Haring.
Warhol meurt d’une crise cardiaque le 22 février 1987.
Parcours de l’oeuvre
La reproduction mécanisée est le grand fils d’Ariane de l'œuvre de Warhol. Dans un premier temps, Warhol se met à reproduire à la main des images issues de la culture de masse. Par exemple, il peint en la reproduisant en noir et blanc la première page d’un journal rapportant un accident d’avion. La facture est d’un style qui est à l’extrême opposé de celui des expressionnistes. Déjà le sujet choisi relève de la reproductibilité technique, celle des journaux à grand tirage. Il fait aussi des agrandissements d’étiquettes de marques connues (Dick Tracy, 1960 ; Del Monte Peach Halves, 1961). Comme chez de nombreux peintres contemporains, la peinture est utilisée « de façon à ne plus pouvoir être créditée d’une quelconque expression de l’intériorité de l’artiste. Andy Warhol en soumet l’usage à la mécanisation et à la culture de la célébrité[1] ». Ses célèbres Campbell’s Soup Cans, composées de 32 sérigraphies sur toile de 50,8 x 40,6 cm chacune, sont créées en 1962. L'œuvre est la représentation très publicitaire de 32 boîtes de soupe de marque Campbell identiques. Vers 1964, Warhol adopte d’ailleurs un procédé mécanique de la sérigraphie qui lui permet d’être plus productif et impersonnel. Ce procédé est notamment utilisé pour la réalisation de ses séries de Marilyn et d’Elvis (1965). Les Boîtes Brillo (1964) qui ont fait le pain et le beurre de plusieurs philosophes (Danto, Wolterstorff)... Afin de reproduire ses modèles le plus techniquement possible, Warhol projette à l’épiscope leurs photographies[2]. Enfin,a il va jusqu’à laisser à ses assistants la pleine réalisation de ses œuvres[3]. Le travail de Warhol est ainsi de plus en plus machinique. L’artiste révèle d’ailleurs vouloir se mécaniser lui-même : « Si je peins de cette façon, c'est parce que je veux être une machine ».
Postérité
On peut se demander ce qui a fait le succès culturel de l’art de Warhol, notamment lorsque l’on considère des expressions artistiques aussi radicales que les Campbell’s Soup Cans ou les Boîtes Brillo, tant esthétique transgresse les grands a priori de la culture occidentale, dont celui de l’authenticité[4]. Dans le monde de l’art de l’époque, la tendance est encore à l’expressionnisme abstrait, malgré le retour à la figuration de nombreux peintres dont Warhol fait partie. Or, en plus d’être figuratif, le travail de Warhol est de plus en plus inexpressif. De plus, il s’inscrit dans un contexte où l’art ne se veut aucunement publicitaire, ce qui le rendrait impur. Présenté aujourd’hui, ce qui pouvait se comprendre dans le monde de Warhol comme une transgression, au sens de Nathalie Heinich, ne serait probablement pas perçu comme profanation des valeurs esthétiques dominantes. Qu’est-ce qui fait de Warhol un grand artiste ? Qu’est-ce qui fait de ses oeuvres du grand art ? Certains, dont le philosophe analytique Arthur Danto, y ont vu la célébration de la culture populaire américaine[5]. L’historien de l’art Jonathan Fineberg, quant à lui, dira de l’œuvre de Warhol qu’elle célébrait la redondance la culture de masse, en opposition avec l’intelligentsia de la génération de l’expressionnisme abstrait[6]. On sait, notamment par les écrits de l’artiste, comment Warhol s’est associé au pop art. Mais ce contexte, note Wolterstorff, n’épuise pas la signification relative au contexte social de la pratique de Warhol. Les Campbell’s Soup Cans se comprennent aussi, sinon davantage, en tant qu’art-reflexive art[7]. Autrement dit, ce qui en fait la profondeur, c’est son caractère méta-artistique : c’est un art à propos de l’art. Pour ma part, je crois que c’est d’abord à la rencontre synthétique entre le grand art et l’art de masse qu’est dû le succès des Campbell’s Soup Cans.
Notes et références
- ↑ Nathalie HEINICH, Le paradigme de l’art contemporain, Paris, Gallimard, 2014, p. 100.
- ↑ Hector OBALK, Andy Warhol n’est pas un grand artiste, Aubier, 1990, p. 25.
- ↑ Ibid, p. 58.
- ↑ HEINICH, op. cit., p. 47.
- ↑ Arthur DANTO, La transfiguration du banal, Paris, Seuil, 1981 ; Nicholas WOLTERSTORFF, Art Rethought: The Social Practices of Art, Oxford University Press, 2015, p. 286.
- ↑ Jonathan FINEBERG, Art Since 1940: Strategies of Being, New York: Harry N. Abrams, Inc. Publishers, 1995, p. 252.
- ↑ WOLTERSTORFF, Nicholas, Art Rethought: The Social Practices of Art, Oxford University Press, 2015.
Bibliographie
- DANTO, Arthur, La transfiguration du banal, Paris, Seuil, 1981.
- FINEBERG, Jonathan, Art Since 1940: Strategies of Being, New York: Harry N. Abrams, Inc. Publishers, 1995.
- HEINICH, Nathalie, Le paradigme de l’art contemporain, Paris, Gallimard, 2014.
- OBALK, Hector, Andy Warhol n’est pas un grand artiste, Aubier, 1990.
- WOLTERSTORFF, Nicholas, Art Rethought: The Social Practices of Art, Oxford University Press, 2015.