Accord

De Le Parergon
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Accord pour n'importe(s) quel(s) instrument(s) (2008) est une composition dans laquelle l'action d'accorder un instrument de musique, autrement dit l'opération qui consiste à établir des équivalences entre les fréquences des notes jouées sur un instrument et la fréquence fondamentale de la vibration, est mise en musique.

Fiche technique

  • Titre : Accord
  • Effectif : n'importe(s) quel(s) instrument(s)
  • Date de composition : 2008
  • Durée : indéterminée

Description

Faisons l'inventaire de ce que nous entendons à l'écoute de cette œuvre musicale (de manière factuelle.[1]). Tintement du bois, des cordes métalliques sont frottées. On reconnaît le piano. Sifflement. Note grave. Claquement métallique. Les cordes du piano changent de ton.

Analyse

Le réglage de l'uniformité des vibrations d'une corde qui se fait au moyen d'un diapason transfigure une action involontairement artistique, accidentellement stylistique, en une « performance » volontairement esthétique.

Le titre Accord est un jeu de mots (le jeu de mot participe à la conception de l'œuvre, c'est pourquoi nous le mentionnons), un double sens : d'une part, l'action d'accorder un instrument, d'autre part, l'association de sons simultanés et harmoniques, c'est-à-dire ayant des relations de fréquence codifiées esthétiquement.

Les sons bruts sont transfigurés en donnant un nouveau sens au processus d'accord de l'instrument. Pour ce faire, un changement de contexte doit avoir lieu afin que l'opération ne se déroule plus de manière anonyme, mais publiquement (en plaçant le piano désaccordé sur la scène d'une salle de concert devant un public). Cette action d'accorder renvoie à l'affect de l'ajustement des homogénéités, au sentiment de l'ajustement des égalités, à l'émotion, à l'amour du paramétrage des unités, des régularités, des ressemblances.

Dans la version originale pour piano, lorsque l'interprète règle l'intonation de l'instrument en manipulant les chevilles avec une clef d'accord, il a affaire avec de l'incertitude, de l'indétermination, car l'instrument est un objet matériel, et son intonation est variable. Contrairement à ce qui se passe lorsque les notes sont finies et stables, avec des hauteurs définies, le timbre de l'instrument est ici vague et brumeux, flou et fumeux, incertain et ombrageux, indécis et nuageux, voire néo-pointilliste, comme si l'instrument était son propre spectre, son apparition, son rêve, son double, son fantôme halluciné, comme une idée fixe, un fantasme constant, une revenance, un simulacre.

J'aime utiliser le mot « spectral » en parlant de cette œuvre, pour renvoyer le public à l'utilisation de l'entre-deux par Giacinto Scelsi, dont l'esthétique est basée, comme ici, sur l'exploration du son.

Interprétation

Libération du sens de l'œuvre d'art.

Jugement

1) Appréciation. 2) Valeur. 3). Jugement contextuel.

Notes et références

  1. La notion de fait est elle-même problématique. Si l'on peut philosopher dans l'art, on dira que la notion artistique de fait peut être interrogé dans la musique à travers des figures de notes (qui comprennent la durée, la hauteur, la nuance, éventuellement le timbre et la spatialisation) et des figures de silence. Cela implique une mise entre parenthèse du jugement.