Danse

De Le Parergon
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Mon art chorégraphique appartient au courant de la nouvelle danse critique. En général, ce qui est transmis en danse, ce sont les mouvements voulus par le chorégraphe et vécus par les danseurs lors de l'interprétation (création). De mon côté, ce que je veux partager avec le spectateur c'est est un art critique de la société contemporaine. Ainsi, je propose des production de danse critique de la danse, autrement dit autocritique (self-critical dance) ou auto-réflexive (self-reflexive danse). Pour ce faire, je transcris dans le langage abstrait du mouvement sensible une appréciation du système technique de transmission de l'information actuel. Cette pratique, que je pourrais aussi bien qualifier de méta-chorégraphique, aborde la question de la communication (aux autres) du mouvement (anatomique, ou corporel au sens large) ressenti sous la forme d'une critique de la société contemporaine. Je considère la danse comme conduite qui relève du mouvement sensible volontairement produit pour être perçu esthétiquement. C'est donc une forme de kinesthésie (de kinésie (« mouvement ») avec esthésie (« sensibilité »)) , mise en l'avant, employée par l'artiste pour parvenir à un résultat kinesthésiquement accentué. Les mouvements sensibles, c'est-à-dire (étroitement liés aux affects) sont partagés avec l'autre. Ce qui est partagé ce sont des mouvements volontaires, mais aussi des mouvements volontairement involontaires.

Contexte

Mes chorégraphies explorent les conditions de possibilité de leur propre existence et de celles de leur insertion au sein de la danse contemporaine, dans laquelle le vocabulaire gestuel emprunte aux mouvements ordinaires les plus démocratiques, et les conventions de son environnement institutionnel. De la même manière que ce qui m'intéresse dans les arts contemporains est la liberté d'exécution laissée à l'artiste, je m'intéresse, dans la danse contemporaine, à l'autonomie laissée au chorégraphe en matière de technique. La transmission est l'un des enjeux de mon travail (expression kinesthésique du thème de la communication dans les temps longs). L'expérimentation avec des mouvements quotidiens en relation avec l'histoire de la danse engendre une nouvelle esthétique de la communication. Mes principales créations sont les suivantes :

  • Aspertion (2007) : improvisation en temps réel (comme dans la post-modern dance), performée devant le critique d'art Bernard Lamarche et plusieurs artistes.
  • Grand saut (vers 2008) : lors d'une soirée de performances à Montréal, performance-choc.
  • Posture (vers 2009, UQÀM) : autoportrait chorégraphique.
  • Solo (2021) [* ] permutation circulaire, détournement de glyphes pour la notation, au Local variable.
  • Figures aérobiques (2021- ), a commencé dans le contexte de ce que j'appelle le mouvement imbriqué, pour un danseur et équipement de pratique, microscope, par exemple. C'est la question du milieu. De nouveaux objets forment de nouvelles relations avec le corps volontairement mis en mouvement dans le cadre d'un spectacle chorégraphique. Ce rapport entre spectateur et œuvre est d'époque. Danse-vidéo
  • Continuité et discontinuité (2021- ), en travaillant avec des structures métalliques, mon objectif a été de souligner que la structure du support, dans sa relation avec le corps humain, fonctionne chorégraphiquement comme une grille pour les gestes des danseurs. Je le fais pour améliorer le jeu de mouvement et les possibilités de mouvement du corps dans la danse, les gestes chorégraphiques et la cinématique du corps.
  • Échauffements (?) : (la question de l'équilibre), art et non-art confondus, ce qui fait partie du spectacle et ce qui n'en fait pas. Surprise du spectateur qui découvre qu'il a été pris au jeu. Ludisme spirituel. Jeu d'esprit, Divertissement cervical'.

[...]

  • Entraînements (?/2022) : déplacement, fait de manière à retarder le moment de la découverte par le spectateur, confusion parfois de celui qui fait l'expérience activement et de celui qui fait l'expérience passivement. Transformation d'un objet à fonction éphémère en objet à fonction transmissive. Instrumentalisation de l'objet sélectionnée. Le débat ontologique de la philosophie analytique au sujet de l'œuvre d'art.
  • Suspensions : la mécanique de chaque structure métallique agit de concert avec les microstructures de la chorégraphie pour donner des possibilités et des processus corporels et esthétiques qui contraignent, façonnent les mouvements des danseurs. La complexité structurelle de cette danse conditionnée par les structures métallique et la représentation dans un lieu non conventionnel.
  • Actions concertées : gestes similaires à ceux effectués dans les activités motrices ordinaires. Travail d'équipe.
  • Étirements : l'inexpressionnisme.
  • Extensions (2022- ) : en mémoire de McLuhan. Dans ce ballet inachevé, je m'intéresse à la relation entre les gestes et les objets du quotidien comme ouvrir et fermer une porte ou replacer son gilet, ou encore remplacer sa chaise. Ce travail implique également la question du milieu de vie ; l'espace chorégraphique est vu comme un espace dont les coordonnées forment une zone (voir Laban) [...] un plan, un volume qui est dessiné, mesuré et rempli par les mouvements des corps à chorégraphier. La position des corps dans l'espace est toujours une séquence qui est une interpolation. Prothèse de prothèse.
  • Glissements (2022) : la conquête de l'espace de jeu du quotidien. Parcours dans un parc. Obstacles et vitesse d'exécution. Techniques de mouvements gracieux, notables. Mise en scène. Scène extérieur.
  • Faux pas : les techniques d'équilibre appliquées aux jambes (amplification : au comportement humain --> théâtre, la section théâtre aristotélicien dans ?).
  • Exercices au sol (2022- ) : tapis bleus.
  • Alphabet (début des années 2000-2022) : deux par deux, les danseurs dansent l'alphabet sur les marches d'un escalier en tenue de gala. Lents mouvements de transformation d'une lettre à l'autre. Interpolation.
  • ? : poutre, allusion : Les Sylphides de Michel Fokine, les révérences (1) petite révérence ; 2) grande révérence), Friedrich Albert Zorn (voir son système de notation)...
  • Autoportrait : le danseur est placé devant une caméra qui ne film en temps réel (plusieurs versions : vidéosphérique, hypersphérique). Références pratiques et théoriques ; interactions : Nam June Paik, Vanessa Beecroft.

Cadre artistique

La danse contemporaine, surtout la branche américaine, la nouvelle danse française et le courant de la non-danse, mais aussi des chorégraphes inclassables ou idiosyncratiques :

  • Alwin Nikolais (1910-1970) : les prothèses, extensions du corps, la métamorphose des danseurs par des costumes qui prolonge les membres du corps, la géométrie corporelle, les formes géométriques du décor, les costumes, l'éclairage, l'étrangeté, le comique, (Kaleidoscope, 1956, The Crystal and the Sphere, 1990). Apport esthétique : perturbation des repères, alors que les corps et les objets de la scène sont confondus.
  • Merce Cunningham (1919-2009) : la danse indépendante de la musique, comme dans How to pass, kick, fall and run (1965), et le dépouillement synthétique des figures chorégraphique. La chorégraphie assistée par ordinateur (DanceForms). L'abandon des codes de la danse classique et de la danse moderne. Apport technique.
  • Gloria Contreras (1934-2015) : l'élasticité du rythme du mouvement corporel. Integrales (1971), Arcana (1975), Ionisation (1980), Densité 21.5 (1996).
  • Dominique Bagouet (1951-1992) : So Schnell, les costumes.
  • Marie Chouinard (née en 1955) : effet de surprise, choc esthétique, transport sensoriel de l'esprit.
  • Xavier Le Roy (né en 1963) : associé au mouvement de la non-danse, effet comique, m'inspire la danse conceptuelle. La relation entre le danseur et le lieu. Il utilise par exemple le mur d'une pièce pour danser. Self Unfinished (1998). Sa singularité est influente.

Références théoriques

Sur le plan théorique

  • Rudolf Laban : l'espace proche du danseur.
  • Rudolf Benesh : Système Benesh, notation.
  • Henri Bergson : le rire.
  • Marcel Mauss : les techniques du corps.

Problématique

Une réflexion sur le corps individuel dans sa relation collective aux institutions artistiques. Je cherche à créer l'effet de virtuosité du ballet contemporain et de ses figures sont très bien délimitée et structurée, à partir de formes très libres où le mouvement devient parfois presque imperceptible. Ce paradoxe est inspirant. Les problèmes que je cherche à résoudre en danse sont les suivants :

  • Les techniques du corps : la liberté de la danse contemporaine pose le problème de l’invention d’un langage personnel.
  • ? : l'ornementation et l'effet sont les points de départ du processus chorégraphique, mais ils ne sont jamais purement décoratifs. Ils doivent être la codification d'un mouvement, d'un sens, d'une pensée. C'est ce que je cherche encore et ce que je continuerai à chercher. La notion de danse furtive. Document comique (films chorégraphiques de la Montée (entre 2007-2010) dont l'effet de surprise a été chorégraphié.
  • La notation chorégraphique : ce qui me fascine depuis que j'ai pris conscience des immenses possibilités qu'elle offre au chorégraphe, notamment sur le plan de la codification, des règles et des principes de la métamorphose cinétique...
  • Ontologie de l'œuvre chorégraphique : Est-ce le produit d'une activité (menée par moi-même) considérée comme un ensemble de règles, de méthodes à observer ? Si oui, quelles sont ces règles et ces méthodes ?
  • La faisabilité.

Approche

J'expérimente avec des matrices, c'est-à-dire avec des plans (éléments invariables) de variation. La métadanse, c'est la danse mise en abyme. L'acte chorégraphique chorégraphié. Mon approche est une formalisation de cette récursion réflexive. La traduction du geste. Le rapport au lieu, mur de brique, parc, équipements de mise en forme (Entraînements, Mises en forme). Les formes concrètes, les techniques de mes recherches-créations en danse sont les suivantes :

  • Combinatoire : le processus chorégraphique (geste, écriture, répétitions, projection, réalisation et réflexion) n'est pas sans rapport avec les questions de permutation et de combinaison (au sens mathématique de ces termes), ou avec la théorie des probabilités (sujet du dénombrable et de l'indénombrable, du combinatoire et du diatomique, du combinatoire et de l'atomique).
  • Déplacement : double sens du terme. Jeu de mouvements.
  • Interpolation.
  • Ralentissement.
  • Improvisation : en danse contemporaine, la formation passe par l'improvisation.
  •  : ce que j'appelle la critical dance, ou la nouvelle danse critique.
  • Documentation : comme dans le journal de la création en studio ou l'acte chorégraphique d'écrire dans un cahier, montré sur scène dans des vêtements sobres.
  • La décomposition photographique du mouvement.
  • Généalogie : généalogie de ma pratique artistique.
  • Archéologie : l'archéologie de ma pratique.