Jouer avec des natures mortes

De Le Parergon
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Jouer avec des natures mortes (2008) consiste en l'installation d'une piscine gonflable remplie de balles de plastique multicolores. C'est un exemple paradigmatique de ready-to-install. Ce que j'appelle ready-to-reinstall c'est une installation trouvée et rendue allographique par mon simple choix d'artiste. Voilà une définition de mes œuvres installatives, dans la lignée du travail de Marcel Duchamp, qui n'est pas sans poser de lourds problèmes ontologiques qu'un penseur comme Gérard Genette a explorés dans L'Œuvre de l'art (1994). C'est effectivement une œuvre allographique en ce que n'importe quelle piscine similaire ferait l'affaire. Les œuvres de cette nature sont un pied de nez au marché de l'art. En effet, ce n'est plus l'objet autonome qui compte, mais l'association de l'objet à l'artiste qui le choisit. L’œuvre d'art se découvre alors être en grande dépendance à son contexte de monstration.

D'une certaine manière, tout dépend du lien artistique de l'objet avec l'artiste. Une œuvre de cette nature est une pièce de musée et est difficilement approuvable par les collectionneurs privés. C'est une forme de discours: une façon de penser ou de discuter des problèmes et de poser des problèmes. L'installation pose un défi direct aux amateurs d'art. Or mon principal défi est de savoir comment attirer l'attention sur mon travail.

À partir de Marcel Duchamp, le ready-made devient un outil de remise en cause du statut de l'objet d'art. Depuis Duchamp, le ready-made ou tout type d'installation a été utilisé pour parodier l'institution de l'art. C'est le cas du pop-art de Warhol, du minimalisme de Sol Le Witt, du conceptuel ou de l'art brut de Jean-Michel Basquiat et William S.Burroughs, de l'installation postmoderniste et minimaliste d'Eva Hesse et des artistes des nouveaux médias de Bruce Nauman et Nam June Paik. Dans chacun de ces cas, le ready-made, geste de parodie, interpelle le monde de l'art et le statut de l'objet.