Avant-garde

De Le Parergon
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INTRODUCTION. — L'avant-garde décrit les mouvements artistiques orientés vers la nouveauté des idées, des méthodes, des formes et la résistance à accepter tout ce qui est considéré comme traditionnel.

ANALYSE DE LA NOTION. — Sens militaire : l'avant-garde désigne d'abord la partie d'une armée qui est la première à avancer. Sens figuré : on applique l'expression à ceux qui sont en avance sur les autres en matière d'innovation, et donc du « progrès ». Sens artistique : il est figuratif. Dans les arts, en général, ils sont les premiers à briser les règles, les conventions, la tradition. Il s'agit donc d'un groupe d'envahisseurs culturels qui précèdent une époque (par exemple, les futuristes, les cubistes, etc.). En musique, il s'agit généralement de repousser les limites des formes traditionnelles, comme c'est le cas pour la musique aléatoire ou la musique concrète. L'avant-garde se caractérise donc par plusieurs tendances : 1) La tendance à la nouveauté. Dans le sens où il est de la nature même de l'œuvre nouvelle d'être différente de ce qui l'a précédée. 2) La tendance à la subversion. Dans le sens où l'artiste d'avant-garde a le devoir de commenter la société et, dans une moindre mesure, de la changer. 3) La tendance à l'innovation. L'artiste ne travaille plus dans les limites d'une forme connue, comme celles de la peinture dominante, et doit trouver de nouveaux modes d'expression. 4) La tendance à se rebeller contre les normes acceptées. L'artiste a le devoir de remettre en question les valeurs sociales, culturelles et même politiques. 5) La tendance à l'expérimentation. Elle désigne alors un groupe qui est le premier à briser les frontières de l'ancien, du statu quo, du normal, et, de plus en plus, du naturel (Orlan, par exemple).

Problèmes de l'avant-garde. — Le mythe de l'avant-garde est facile à identifier: c'est la croyance que les premiers à faire une révolution sont les plus avancés, les plus intelligents, les plus courageux, les plus éclairés. C'est un préjugé. Or les masses, bien qu'elles aient succombé aux dérives de cette passion, n'ont pas compris les idées profondes des avant-gardes. L'avant-garde comme fin en soi : l'avant-gardisme sans but de certains groupes et mouvements (comme le théâtre de l'absurde) peut être vu comme une fin en soi, une façon de vivre pour lui-même, plutôt qu'un moyen : la position critique de ces mouvements est compromise quand ils le sont. instrumentalisé à d’autres fins. « Le thème réel et commun à toutes les avant-gardes du XXe siècle, après la découverte de l'idée d'Histoire au XIXe siècle, apparaît aujourd'hui par-delà toutes les images réalistes, abstraites, aléatoires, conceptuelles ou corporelles : c'est le désir pulsionnel et génital d'être des créateurs d'histoire de l'art. Les avant-gardistes ont voulu nous montrer la gestation créatrice de l'histoire immédiate de l'art, rendue visible par l'accélération soudaine d'un rythme jusqu'alors séculaire »[1]. Est-ce fin de l'avant-garde ? Face à une perte de confiance dans la possibilité d'un changement social, beaucoup d'avant-gardistes révolutionnaires ont opté pour un repli dans la sphère privée et dans le système technicien. La nouvelle avant-garde sera certainement écologique. L'enjeu reste toujours la fin.

CONCLUSION. — Faire de l'avant-garde une fin en soi est comme aller en guerre sans raison. Il est dangereux de faire de l'avant-garde une fin en soi. De même que de chercher à faire table rase de son héritage culturel : on est toujours redevable de son passé. S'il faut que l'avant-garde représente une manière de questionner notre situation actuelle et les valeurs auxquelles nous adhérons, il reste à déterminer ce pour quoi nous combattons.

Notes et références

  1. Hervé FISCHER, L'Histoire de l'art est terminée, Paris, Balland, 1981.