Idée littéraire

De Le Parergon
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« Les idées littéraires, comme celles de la musique et de la peinture, ne sont pas des "idées de l’intelligence" : elles ne se détachent jamais tout à fait des spectacles, elles transparaissent, irrécusables comme des personnes, mais non définissables. Ce qu’on a appelé le platonisme de Proust est un essai d’expression intégrale du monde perçu ou vécu. Pour cette raison même, le travail de l’écrivain reste travail de langage, plutôt que de « pensée » : il s’agit de produire un système de signes qui restitue par son agencement interne le paysage d’une expérience, il faut que les reliefs, les lignes de force de ce paysage induisent une syntaxe profonde, un mode de composition et de récit, qui défont et refont le monde et le langage usuels. Cette parole neuve se forme dans l’écrivain à son insu, pendant des années de vie apparemment oisive, où il se désole de manquer d’idées et de "sujets" littéraires — jusqu’au jour où, cédant au poids de cette façon de parler, qui peu à peu s’est établie en lui, il entreprenne de dire comment il est devenu écrivain, et construise une œuvre en racontant la naissance de cette œuvre » (Merleau-Ponty, 1960, 1988, p. 40-41).

Bibliographie

  • MERLEAU-PONTY, Maurice, « Le problème de la parole », Résumés de cours, Collège de France 1952-1960, Paris, Gallimard, 1960, réédition dans la collection TEL, 1988.