Marcel Duchamp

De Le Parergon
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Père de l'art contemporain et inventeur du ready-made, Marcel Duchamp (1887-1968) élabore une pratique artistique dont les œuvres, dès les années 1910, vont jusqu'à remettre en cause les notions mêmes d'artiste et d'art.

Biographie

Marcel Duchamp est né à Blainville-Crevon en Normandie, France, le 28 juillet 1887. Il suit des cours à l'Académie Julian en 1904. Dès la fin des années 1910, il réalise des toiles inspirées par le postimpressionnisme de Cézanne et fréquente les « cubistes dissidents ». Lors de la vingt-huitième édition du Salon des indépendants, à Paris, son Nu descendant un escalier, peint en janvier 1912, fait scandale et est retiré de l'exposition. L'année suivante, il est exposé à New York à l'Armory Show, non sans suscité l'indignation de plusieurs.

En 1915, Duchamp part pour les États-Unis, où l'attend le peintre et écrivain français Francis Picabia. Là-bas, il se lie d'amitié avec le photographe et réalisateur américain Man Ray. En 1917, sous un pseudonyme, il fait parvenir au jury de la Société des Artistes indépendants, dont il fait partie, un urinoir placé à l'envers en guise d'œuvre d'art. L'objet radical est vivement contesté par les autres membres du comité de sélection. L'affaire sera présenté dans la revue The Blind Man où Duchamp justifiera artistiquement son geste. De retour à Paris en 1919, Duchamp participe au mouvement contestataire Dada, puis repart pour New York l'année suivante. Avec Man Ray, il fonde la Société Anonyme. Celle-ci, avec l'aide de la riche Katherine S. Dreier, encourage des artistes de la relève en leur achetant des œuvres. En 1921, toujours avec Man Ray, il publie l'unique numéro de la revue New York Dada.

Au milieu des années 1920, Duchamp réalise un film d'avant-garde, Anemic Cinema. Puis, en 1923, Duchamp quitte la scène de l'art. Il participe à un championnat d'échecs international en 1932. Il joue pour l'équipe française. Il présente ses Rotoreliefs au concours Lépine en 1935. En 1938, Duchampo tire La boîte-en-valise à 300 exemplaires. En 1942, à New York, il fait partie d'une exposition organisée par les Surréalistes réfugiés (First Papers of Surrealism) pour laquelle il réalise une installation constitué de deux kilomètres de ficelle entrelacée. Puis, en 1947, il organise, avec André Breton, la Deuxième Exposition Internationale du Surréalisme à Paris. En 1953, l'un des articles du magasine Life lui est consacré. Un recueil d'écrits de l'artiste est publié en 1958 (Marchand du Sel). En 1966, la Tate Gallery de Londres organise la première grande rétrospective de l'œuvre de Marcel Duchamp, qui meurt deux ans plus tard, le 2 octobre, à Neuilly-sur-Seine, en France.

Parcours de l'œuvre

L'intérêt de l'artiste pour le quotidien, pour ce qui est banal et souvent négligé, est une préoccupation centrale dans la production de l'artiste.

Roue de bicyclette, datant de 1913, est l'une de ses sculptures les plus célèbres. En regardant l'ensemble composé d'une roue assemblée à un tabouret, il est clair que l'objet ressemble à une œuvre d'art et en remplir la définition d'être un objet créé avec l'intention spécifique d'être apprécié principalement comme un objet esthétique. Il y a ressemblance de famille. L'œuvre met à nu le fait que l'art implique des conventions, qu'il demande au public de participer au processus d'appréciation, à être interprétée. Le banc en bois semble remplir la fonction d'un piédestal, mais un piédestal totalement intégré à l'objet artistique. De plus, bien que l'œuvre soit composée d'objets trouvés, elle remplit, bien que de manière minimalement, la condition d'avoir été transformée par la main de l'artiste. Ce ne sera pas le cas de l'urinoir, à l'exception de la signature, et de l'inversion spatiale de l'objet. La condition d'avoir été transformé est essentielle dans la définition traditionnelle de l'œuvre d'art : la transformation doit avoir été le résultat de l'intention de l'artiste, et elle ne peut, grosso modo, être le fruit du hasard ou de facteurs non artistiques. De ce point de vue, l'œuvre répond à la définition conventionnelle de la sculpture. Mais il y a une twist ironique. C'est un objet rendu non fonctionnel, dépourvu de toute valeur pratique. L'œuvre joue littéralement sur la perception du spectateur, et l'effort pour la percevoir comme une sculpture et l'apprécier comme une œuvre d'art est ce qui fait son intérêt.

Érigé au rang d’œuvre d'art, l'urinoir de Marcel Duchamp baptisé Fontaine, signé R. Mutt et daté de 1917 est l'une des sculptures les plus paradigmatiques et scandaleuses de l'art du XXe siècle : réalisée à partir d'un urinoir commercial de taille standard, elle a choqué le jury lors de sa présentation au concours. À travers elle, Duchamp remet en question la notion même d'art et d'acte artistique, proposant qu'une banalité simplement choisie soit appréciée. L'œuvre est maintenant exposée comme une sculpture au Philadelphia Museum of Art.

Le ready-made

Le ready-made, ou objet trouvé, est une catégorie d'œuvres d'art réalisées à partir d'objets quotidiens (et parfois d'autres types d'objets trouvés) qui n'ont pas été conçus à l'origine pour être des œuvres d'art au sens fort du terme. Ces œuvres mettent intentionnellement l'accent non pas sur l'expression de l'artiste, mais sur l'objet choisi, ce qui donne l'occasion au public de s'engager davantage dans l'œuvre sur le plan conceptuel.

Les ready-mades sont des œuvres d'art conçues pour solliciter l'intellect du spectateur. En effet, c'est un jeu de l'esprit qui permet au spectateur de regarder un même objet autrement.

En 1964, la galerie Schwartz a réédité treize ready-mades disparus en huit exemplaires.