Ready-made : Différence entre versions

De Le Parergon
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Le ready-made est un objet ou un ensemble d'objets trouvé élevé au rang d'objet d'art par simple choix artistique.
 
Le ready-made est un objet ou un ensemble d'objets trouvé élevé au rang d'objet d'art par simple choix artistique.
  
La fascination pour le trivial n'est pas sans affinité avec l'attirance pour l'absurde ou le dadaïsme. En même temps, cette fascination est aussi un désir instinctif : le banal et l'essentiel sont au départ insuffisants pour s'exprimer. Comme l'aliénation lacanienne <ref>« Cette aliénation, mon Dieu, on ne peut pas dire qu’elle ne circule pas de nos jours. Quoi qu’on fasse, on est toujours un petit peu plus aliéné, que ce soit dans l’économique, le politique, le psychopathologique, l’esthétique, et ainsi de suite. Ca ne serait peut-être pas une mauvaise chose de voir en quoi consiste la racine de cette fameuse aliénation. » Jacques LACAN, ''Le Séminaire. Livre XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse'', Paris, Seuil, 1973, p. 191.</ref>, la ''Roue de bicyclette'' évoque paradoxalement l'ennui et l'inaction. Il faut dire qu'elle ne présente pas de propositions incassables, en termes de néant et d'indifférence au détail technique et à l'intuition. Prétendre que cette roue est la chose la plus simple imaginable nécessitera donc des spéculations. À première vue, la simplification du désir s'impose. Mais le quotidien apparemment neutre du regardeur se transforme en une relation situationniste de passivité et de mouvement impossible. Il s'ensuit donc que, puisque l'esprit est retenu captif dans ce passe-temps, il se rebelle continuellement contre la perception paradoxale du temps et de la vérité.
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La fascination pour le trivial n'est pas sans affinité avec l'attirance pour l'absurde ou le dadaïsme. En même temps, cette fascination est aussi un désir instinctif : le banal et l'essentiel sont au départ insuffisants pour s'exprimer. Comme l'aliénation lacanienne<ref>« Cette aliénation, mon Dieu, on ne peut pas dire qu’elle ne circule pas de nos jours. Quoi qu’on fasse, on est toujours un petit peu plus aliéné, que ce soit dans l’économique, le politique, le psychopathologique, l’esthétique, et ainsi de suite. Ca ne serait peut-être pas une mauvaise chose de voir en quoi consiste la racine de cette fameuse aliénation. » Jacques LACAN, ''Le Séminaire. Livre XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse'', Paris, Seuil, 1973, p. 191.</ref>, la ''Roue de bicyclette'' évoque paradoxalement l'ennui et l'inaction. Il faut dire qu'elle ne présente pas de propositions incassables, en termes de néant et d'indifférence au détail technique et à l'intuition. Prétendre que cette roue est la chose la plus simple imaginable nécessitera donc des spéculations. À première vue, la simplification du désir s'impose. Mais le quotidien apparemment neutre du regardeur se transforme en une relation situationniste de passivité et de mouvement impossible. Il s'ensuit donc que, puisque l'esprit est retenu captif dans ce passe-temps, il se rebelle continuellement contre la perception paradoxale du temps et de la vérité.
  
 
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==

Version du 8 mars 2021 à 11:02

Le ready-made est un objet ou un ensemble d'objets trouvé élevé au rang d'objet d'art par simple choix artistique.

La fascination pour le trivial n'est pas sans affinité avec l'attirance pour l'absurde ou le dadaïsme. En même temps, cette fascination est aussi un désir instinctif : le banal et l'essentiel sont au départ insuffisants pour s'exprimer. Comme l'aliénation lacanienne[1], la Roue de bicyclette évoque paradoxalement l'ennui et l'inaction. Il faut dire qu'elle ne présente pas de propositions incassables, en termes de néant et d'indifférence au détail technique et à l'intuition. Prétendre que cette roue est la chose la plus simple imaginable nécessitera donc des spéculations. À première vue, la simplification du désir s'impose. Mais le quotidien apparemment neutre du regardeur se transforme en une relation situationniste de passivité et de mouvement impossible. Il s'ensuit donc que, puisque l'esprit est retenu captif dans ce passe-temps, il se rebelle continuellement contre la perception paradoxale du temps et de la vérité.

Notes et références

  1. « Cette aliénation, mon Dieu, on ne peut pas dire qu’elle ne circule pas de nos jours. Quoi qu’on fasse, on est toujours un petit peu plus aliéné, que ce soit dans l’économique, le politique, le psychopathologique, l’esthétique, et ainsi de suite. Ca ne serait peut-être pas une mauvaise chose de voir en quoi consiste la racine de cette fameuse aliénation. » Jacques LACAN, Le Séminaire. Livre XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 191.

Bibliographie

LACAN, Jacques, Le Séminaire. Livre XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973.